De ces quelques nuits, j’en avais retenu plus peut-être que les jours. « La nuit, tous les chats sont gris… » disait mon grand-père. Mes jours étaient toujours traversés par des existences partielles, jamais abouties, sujets aux contradictions, revirements constants, aux périodes successives et rapprochées d’euphorie et d’abattement, au doute bien sûr.
Perdu le jour, je retrouvais des chemins connus la nuit. Ceux qui nous donnent à voir, nos propres sentiments et émotions dans une introspection sereine et infinie, les auteurs et les interprètes aussi. Les faiseurs d’Art nous rendent moins seuls et nous sommes avec eux, dans un entre soi gourmand, loin du tumulte aveuglant de la marche du monde en perdition.
Pouvoir mourir en une nuit à défaut de partir, « mourir pour une nuit » comme chante Maxime Le Forestier. « Mourir comme on s’endort, faire la nique à la Mort… ». Puis, « renaître et vivre… » conclue t-il dans cette excellente chanson. Tout ce que la nuit vous apporte nourrit vos propres désirs… « Ecrire, c’est tuer le désir d’écrire » disait Roland Barthes. Et ce désir que l’on tue devient charogne immortelle.