Des toxiques saveurs de la peur,
Des honteuses bassesses où tout s’affaisse
Et, où nuages et éclairs se pressent,
Déesse brune, tu apaises la douleur.
Tes yeux amandes et ce sourire langoureux
Donnent plus de vie et de crédit à l’oubli
Que toutes les horreurs connues des aïeux.
Que rejaillissent au lieu des feux les beautés de la nuit !
Avec ton timbre de voix grave et doux,
Abonde en eaux claires et pures
Mers, fleuves, rivières et sources
Et m’y plonge amoureusement jusqu’au cou.
Peau dorée comme du bois l’Orée
Reçoit les plus beaux rayons parfumés,
Et cache en soi les plaisirs ensommeillés
Au cœur d’une vaste forêt qui peut tout protéger.
Là, au milieu des bruyères et des bourdaines,
L’âme y construit un monde idéal,
Près du vrai et loin de l’infâme
Où des ruisseaux verts et bleus irriguent la Beauté.
Fée, reine ou déesse, dame
D’un songe, d’une idée, d’un rêve jamais en peine
Ne retiens de cela qu’un lien d’amour
Inscrit dans les limbes où je suis toujours.
Comme toi, je ne suis d’aucun pays, d’aucune loi.
Les lueurs du jour, tièdeurs de la nuit,
Frémissements sous des arbres tremblants
Ne sont que vérités du Monde et de l’Amour
Ici et maintenant.
Pour celle – là, j’écrirai des vers indéfiniment
Te veux toute entière, serai secret comme une pierre.
Pour ne pas taire celui qui jamais ne ment,
Douloureuse autant qu’amoureuse la passion
Ne souffre d’aucun répit et ajoute en nous
Du trouble dans la Raison.
Emmanuel Boujet (25/09/2022)