Tout se dénoue

Quand tout s’enchevêtre
Dans les branches de l’hêtre,
La lumière du sous-bois
S’évanouit ainsi.

La lumière du sous-bois
Adoucit l’ombre,
S’évanouit ainsi,
Installe la nuit.

Adoucit l’ombre.
Rayons se dissipent,
Installent la nuit
Des cimes jusqu’aux pieds.

Rayons se dissipent,
Doucement précipitent
Des cimes jusqu’aux pieds
De l’enchevêtrement naît un bois dormant.

Doucement précipitent
Des cimes jusqu’aux pieds
De l’enchevêtrement naît un bois dormant.
Doucement précipitent.

Le jour dans sa fuite
De l’enchevêtrement naît un bois charmant
Sans que l’on entende aucun chant.
Le jour dans sa fuite.

Rayons se dissipent
Sans que l’on entende aucun chant
Quand tout s’enchevêtre.

Quand tout se dénoue
Des cheveux jusqu’aux genoux
Dans la voix et le cou
Libérés les sens de la loi.

Des cheveux jusqu’aux genoux,
Du soir au matin,
Libérés les sens de la loi,
Ne refusant rien.

Du soir au matin,
Les yeux vides mais le coeur plein,
Ne refusant rien
Et reprendre un chemin.

Les yeux vides mais le coeur plein
Sourient les engourdies éprises
Et reprendre le chemin,
Dire « Allez viens ! »

Sourient les engourdies éprises.
Se noue alors dans l’effort
Dire « Allez viens ! »

Les noeuds alors sont autres et bienheureux
Se noue alors dans l’effort
Dans la voix et le cou
Les noeuds alors sont autres et bienheureux.

Quand tout se dénoue.

(19/10/2022)

Ce texte est issu d’un exercice réalisé dans le cadre d’un atelier d’écriture avec Céline Bourgouin (« sur le bout de la plume »)

Publicité

Le meilleur à prendre

Attendre sans espérer,

Continuer sans regretter,

Aimer sans calculer,

Donner sans se tromper.

Prendre à pleines mains

Les cœurs vivants

Qui se tendent bien

Et font les soleils levants.

Entendre des adagios

Et donner les sanglots

Ivres de sentiments,

Soins des tourments.

Crever l’abcès

Au cœur même,

Souffrant sans excès,

De celui qui aime.

Au fond de l’âme

Gît un esprit fendu

Perdu et reclus,

Comme un damne.

Qui n’existe encore

Que par un corps

Blessé, usé, désespéré

Qui veut meilleur sort.

Heureux je reste

Car, ici, avec envie

Je prends le meilleur

Des soucis dont tu fais parti.

je demeure ce serviteur

D’une idée d’ampleur.

Celle d’un amant transi

Attendant le moment.

Emmanuel Boujet (13/10/2022)

Idée d’Eternité

Choisir la peur,

Ignorer la leur.

Prendre le risque

Sanguin, le peu

Du parchemin,

La prophétie du cœur,

La trouvaille du lendemain.

Donner le ton,

Jeter le jeton,

Rejeter le rejeton.

Suivre la pâleur

De ce qui n’a pas d’odeur.

Revenir toujours sur toi

Comme vers un au-delà.

Retenir ses larmes

D’un bonheur sans armes.

Demain, je partirai

L’esprit heureux

Oubliant ta voix,

Délaissant tes yeux.

Vivante en moi,

Abandonnant en toi

Tout espoir d’amant,

Perdu dans les comment(s).

Humant sur la dune,

Les longs cheveux

Éloignent la brume

Enchantée de l’Océan.

Les mains liées

Autant que les baisers

Donnent idée

De l’Éternité.

Je veux te fuir,

Même te bannir

Et, pourtant, j’aimerais

Doucement te ravir

Pour t’épargner de souffrir.

Puis, bercé par ton chant,

Pouvoir m’endormir

En rêvant

Te caressant

En de sublimes instants.

Oubliant le passé

Et le présent,

Découragé du temps.

Emmanuel Boujet (12/10/2022)

Limbes d’amour

Des toxiques saveurs de la peur,
Des honteuses bassesses où tout s’affaisse
Et, où nuages et éclairs se pressent,
Déesse brune, tu apaises la douleur.

Tes yeux amandes et ce sourire langoureux
Donnent plus de vie et de crédit à l’oubli
Que toutes les horreurs connues des aïeux.
Que rejaillissent au lieu des feux les beautés de la nuit !

Avec ton timbre de voix grave et doux,
Abonde en eaux claires et pures
Mers, fleuves, rivières et sources
Et m’y plonge amoureusement jusqu’au cou.

Peau dorée comme du bois l’Orée
Reçoit les plus beaux rayons parfumés,
Et cache en soi les plaisirs ensommeillés
Au cœur d’une vaste forêt qui peut tout protéger.

Là, au milieu des bruyères et des bourdaines,
L’âme y construit un monde idéal,
Près du vrai et loin de l’infâme
Où des ruisseaux verts et bleus irriguent la Beauté.

Fée, reine ou déesse, dame
D’un songe, d’une idée, d’un rêve jamais en peine
Ne retiens de cela qu’un lien d’amour
Inscrit dans les limbes où je suis toujours.

Comme toi, je ne suis d’aucun pays, d’aucune loi.
Les lueurs du jour, tièdeurs de la nuit,
Frémissements sous des arbres tremblants
Ne sont que vérités du Monde et de l’Amour
Ici et maintenant.

Pour celle – là, j’écrirai des vers indéfiniment

Te veux toute entière, serai secret comme une pierre.

Pour ne pas taire celui qui jamais ne ment,

Douloureuse autant qu’amoureuse la passion

Ne souffre d’aucun répit et ajoute en nous

Du trouble dans la Raison.

Emmanuel Boujet (25/09/2022)