– 10 ° C demain et mon dernier poème « plus encore » est toujours d’actualité. J’espère seulement que tout ne va pas se figer et annoncer une nouvelle ère glaciaire ! j’aurais l’impression d’être un oiseau de mauvais augure ou un prophète des temps modernes (bien que le poète figure parmi ses synonymes)…
Les annonces sont toujours marquées par la catastrophe, le changement, une révolution quelle qu’elle soit. Souvent quelque chose de négatif, à part les révélations religieuses qui font espérer un sauveur. N’entendons pas à longueur de journées que le climat se dégrade et qu’il est temps de faire quelque chose (depuis combien de temps le dit-on ?), que ce que nous mangeons et respirons est infesté de substances néfastes ? Je me suis demandé, après une remarque sur ce dernier poème, si la poésie était toujours un peu triste ? Et si elle en rajoutait au pessimisme ambiant ? La vraie poésie, celle qui vient du cœur, voire des tripes, est-elle comme le déclamait Alfred de Musset dont « les plus désespérés sont les chants les plus beaux ».
Je suis tombé par hasard sur un poème de Baudelaire que je voudrais vous faire partager. Il s’intitule « Horreur sympathique » : « De ce ciel bizarre et livide, / Tourmenté comme ton destin, / Quels pensées dans ton âme vide / Descendent ? réponds, libertin. // Insatiablement avide / De l’obscur et de l’incertain, / Je ne geindrai pas comme Ovide / Chassé du paradis latin. // Cieux déchirés comme des grèves, / En vous se mire mon orgueil, / Vos vastes nuages en deuil / Sont les corbillards de mes rêves, / Et vos lueurs sont le reflet / De l’enfer où mon cœur se plaît. » (Les fleurs du mal, Spleen et idéal, n°82).
Baudelaire n’est peut-être pas le bon exemple pour dire si la poésie est triste ou gaie… Dans tous les cas la poésie, si elle est bien faite, est belle qu’elle soit triste ou joyeuse. Et c’est la beauté qui touche. La beauté et la gravité que tout homme – dont le poète – porte en lui.
(26/02/2018)