Ô, mon beau miroir !
Qui feint de laisser croire
Que le monde sans toi
Le laisse sans roi.
Mais, plus de place pour la glace.
Illusoires écrans la remplacent.
Ne sont que pixels infidèles,
Jetés au vent, sans gain de miel.
Ton image, ton corps, ton âme
S’abandonnent au diable.
Les yeux ne jouent plus le jeu
De l’aveu vrai de l’éternel amoureux.
Seul, tu glorifies tes exploits,
Tes habits, tes avis, tes secrets.
Mais rien de tout cela n’est vrai.
Ne sont que chimères que tu préfères.
Tu griffonnes ce que le virtuel te donne.
Inutile effort que rien ne pardonne.
Et, dans cette addiction de pacotille,
Tu oublies la vérité qui brille.
Le soleil, le vent, la pluie,
Sûr que tu les apprécies.
Les peaux, les odeurs, les voix
Et l’amour encore, y as-tu mis une croix ?
Tout le monde peut t’aimer ainsi
Dans ce faux-semblant qui luit.
Tout le monde aussi peut te haïr.
Et sans problème te le dire.
Et, comme on jette une bouteille à la mer,
Dans cette image surfaite, tu espères.
Mais pour quoi, pour qui, sans doute pour toi,
Comme si, aujourd’hui, tu n’avais plus le choix.
C’est donc un objet que tu voudrais être ?
Dans un marché où ne subsiste que le paraître ?
Mais à vendre du vent
On n’ amène que des tourments.
Prends la vie à bras le corps
Pour remettre d’authentiques accords.
Mets du cœur et affleure
L’autre comme une fleur.
(20/08/2022)