Miroir virtuel

Ô, mon beau miroir !

Qui feint de laisser croire

Que le monde sans toi

Le laisse sans roi.

Mais, plus de place pour la glace.

Illusoires écrans la remplacent.

Ne sont que pixels infidèles,

Jetés au vent, sans gain de miel.

Ton image, ton corps, ton âme

S’abandonnent au diable.

Les yeux ne jouent plus le jeu

De l’aveu vrai de l’éternel amoureux.

Seul, tu glorifies tes exploits,

Tes habits, tes avis, tes secrets.

Mais rien de tout cela n’est vrai.

Ne sont que chimères que tu préfères.

Tu griffonnes ce que le virtuel te donne.

Inutile effort que rien ne pardonne.

Et, dans cette addiction de pacotille,

Tu oublies la vérité qui brille.

Le soleil, le vent, la pluie,

Sûr que tu les apprécies.

Les peaux, les odeurs, les voix

Et l’amour encore, y as-tu mis une croix ?

Tout le monde peut t’aimer ainsi

Dans ce faux-semblant qui luit.

Tout le monde aussi peut te haïr.

Et sans problème te le dire.

Et, comme on jette une bouteille à la mer,

Dans cette image surfaite, tu espères.

Mais pour quoi, pour qui, sans doute pour toi,

Comme si, aujourd’hui, tu n’avais plus le choix.

C’est donc un objet que tu voudrais être ?

Dans un marché où ne subsiste que le paraître ?

Mais à vendre du vent

On n’ amène que des tourments.

Prends la vie à bras le corps

Pour remettre d’authentiques accords.

Mets du cœur et affleure

L’autre comme une fleur.

(20/08/2022)

Publicité

Marche du matin

Marchant au matin orageux,
Pas à pas en équilibre,
Ne cherchant aucune cible,
Évitant si possible l’horrible.

Gris le ciel, fraîche la pluie,
Dans l’esprit tout s’évanouit.
Asséchée par le cruel été,
La vie renaît sous mes pieds.

Un bleu toujours sur la peau,
Je veux tout oublier,
Même sur ce chemin souillé.
L’air et le vent frais ne sont pas des héros.

Personne ne sait,
Personne n’est prêt.
Souffrir est le lot
De toute l’humanité en gros.

Je suis en panne de lucidité
Tel un pyromane en manque d’idée.
Moi, le feu que j’attends
Est ce parfum d’amour violent.

Dans ton lit ou dans le mien
La nuit toujours je retiens.
Idéale femme fatale
Donnera la dose létale.

(15/08/2022)

Poème du soir

Je ne vois pas de noir.
Un bleu profond
Mêlé de gris et de vert
Fait mon univers.

J’attends le crépitement
Des éclairs et de la foudre
Pour à nouveau me dissoudre
Dans un grand emballement.

Le feu m’habite.
Jamais ne me quitte.
Pas d’issue pour moi
Dans le pourquoi.

Tous se fourvoient
Pour quoique ce soit.
Oublient la vie
Qui nous définit.

Je veux retrouver
Le vrai de la nature,
Saisons conformes
Qui font de nous des hommes.

Ne cherche pas un idéal
Comme un retour de flamme.
Seulement retrouver l’avant
D’un monde en dedans.

Je dis « mon amour »
À celle que j’aime.
Que peut le ciel
Si personne ne l’appelle.

La tristesse de cette vie
Nous rend tout rabougris.
Creux, peureux, hideux
Voilà les « gens de peu » !

Pourtant, nous avons les dents,
La hargne que personne ne décharne,
Nous avons la voix des choses
Que tout le monde proposent.

Je t’enlace
Et rien ne remplace
Cet amour qui fait place,
Qui ne laisse pas de glace.

(9/08/2022)

Poème de la pluie

L’orage ce soir

Donne espoir,

Donne à mon cœur

Un peu moins de peur.

Un éclat de lumière,

Éblouissant l’éther.

Un tonnerre de flamme

Résonnant en mon âme.

L’humilité naissante

Au centre de la tourmente.

Suis irradié par ce feu orageux

Et qu’importe si je ne peux

De ma gloire annoncer le trop peu.

C’est toi si Dieu le veut

Cette fée qui éteindra le brasier.

Me sens animal,

Capable d’éteindre cette flamme.

Lier ensemble nos deux âmes

Sans le moindre mal.

Jamais, à moins que le ciel

Se déchire dans les feux du désir,

Ton visage ne me quittera

Et tes lèvres, loin de moi.

Avide de tes seins, de tes mains,

Ne peux jamais être saint.

Dans ta couche près de toi

Laisse-moi être moi.

Apporte-moi l’ivresse

De la tendresse, et,

Dans ton jardin

Montre-moi un chemin.

Fou je deviens si

Demain est pareil

Sans toi sans merveilles

Orphelin d’un amour conquis.

Et que tombe la pluie

Sur nos peaux transies

Et que danse le vent

Tourbillonnant, tourbillonnant,

Si fragiles sous l’orage.

Mais sommes-nous assez sages

Nous, nous penserons forts

Au-delà des cœurs et des corps.

Emilie & Emmanuel (5/08/2022)

Choix des couleurs

Bleu du ciel pour Elle

Bleu transi pour Lui.

Battement d’ailes

Pour un vol de Nuit.

Noir vitrail avec

Un peu de gris pour voir.

Rouge et noir pour savoir

Dans le verre de l’Espoir.

Dans les habits,

Dans les bijoux,

Émeraude en fraude,

Saphir pour le dire.

Choix des dessus,

Choix des dessous,

Sens dessus dessous.

Gris-vert pour te plaire.

Robe couleur écume

Scintille sous la Lune.

Transparence

De l’absence.

(11/07/2022)

Falling in love

Tomber sur toi

Tomber en toi

Tomber dans l’instant

Tomber bêtement

Tomber de haut

Tomber dans le beau

Tomber dans tes bras

Tomber avec moi

Tomber en amour

Tomber pour toujours

Tomber à tes pieds

Tomber dans la vie

Tomber par désir

Tomber par plaisir

Tomber sur tes parents

Tomber comme par erreur

Tomber dans l’erreur

Tomber dans la peur

Tomber le masque

Tomber les frasques

Tomber de haut

Tomber à la renverse

Tomber de sommeil

Tomber du lit

Tomber difficilement

Tomber inexorablement

Tomber en plein cœur

Tomber à la guerre

Tomber des mitrailles

Tomber en enfer

Tomber pour beaucoup

Tomber dans un trou

Tomber par milliers

Tomber par millions

Tomber dans la nuit

Tomber et mourir

Tomber dans l’erreur

Tomber par erreur

Tomber dans la fleur (de l’âge)

Tomber dans le courage

Tomber dans l’oubli

Tomber au paradis

Tomber tout seul

Tomber ensemble

Tomber avec moi

Tomber dans l’infini

Promis au Paradis

(30/06/2022)

Essai proustien

« Le petit tintement de la pendule Louis XV revenait tous les quarts d’heure. Il était d’autant plus gênant que s’y ajoutaient aussi régulièrement de petits faisceaux de lumière qui se projetaient sur les murs de la chambre, apparaissaient, s’étiraient et disparaissaient à mesure que les voitures passaient dans la nuit depuis la rue. »

Nulle part partout

Il me suffit de prendre

Feuille, crayon, imagination

Pour que le monde soit plus tendre

Et plus tranquille ma respiration.

Dans cette action, je quitte

Les tracas qui m’habitent

Et trace des lignes claires

Peuplées de chair et de lumière.

 » – Dis ces mots, écris ces vers,

Écarte vite doutes et mystères !

Prends la main du récit,

Ne te complais pas dans les soucis ! « 

Remplace les maux par

Les mots du nulle part

Inséparables du partout

Qui forment pourtant un tout.

Observe et contemple

Les choses de la vie infinies.

Chacune dans un temple

Retient l’instinct de survie.

(24/06/2022)

Arbre

J’habite un arbre

Frêle et droit

Racines et bourgeons

Ne disent pas leurs noms

Il est comme

Fleurs opèrent

Sans l’Homme

En tout mystère

Abri sans prix

De nos vies

Où tout fini

Sans préavis

Est bois

Pour moi

Cher

Pour les Rois

Canopée

Espèce de fée

Trouve toujours

De l’air pur

On t’abat

Sans choix ni loi

On t’ignore

Moi je t’adore

Tu mourras toi aussi

Tu ne subsistes pas à la vie

On ne te brulera pas

On te gardera pour toi

Petit ou grand

On ne te ment

On te prend

Ainsi on ressent

Désir des hommes

Tu t’abandonnes

A donner du feu

Pour l’amour de Dieu

Tu luis rien qu’une nuit

Répands ta suie

Où comble ton ennui

Au bénéfice de l’infini

(12/05/2022)

Survol

Miroir de l’espoir

Cache le visage

D’ enfant sage

Lointain

De beaux matins

Resplendissent les rires

Abandonnent le pire

Sans excès respirent

Trouvent le plaisir

Alouette, geai et aigrette

Saisissent ton envol

Nagent vers autre part

Rien ici-bas

En haut en bas

Tu monteras démonteras

Saisiras le quoi

Le pourquoi

Sans être sûr

Du comment

(8/05/2022)